Il y a plus de 100 ans que les scientifiques envisagent et essayent d’exploiter le système immunitaire de l’organisme pour combattre le cancer. Aujourd’hui, les résultats des recherches menées par Roche/Genentech et par d’autres, ainsi que les récentes autorisations de mise sur le marché accordées par la FDA, traduisent les formidables promesses que représente l’immuno-oncologie dans le traitement du cancer, avec l’espoir d’obtenir un bénéfice durable rarement atteint avec d’autres approches thérapeutiques.
Ira Mellman, Ph.D.
Vice-président de Genentech
Recherche en oncologie
Le système immunitaire et le cancer
Notre système immunitaire détecte et détruit les éléments qui ne devraient pas être dans notre organisme.
Il est classique de considérer notre système immunitaire comme la force de défense de l’organisme contre les envahisseurs, c’est-à-dire les virus et les bactéries qui nous rendent malades. C’est pour toujours mieux nous protéger qu’il a évolué au fil du temps.
Cette fonction de détecter et de détruire tout ce qui ne devrait pas se trouver dans notre organisme concerne également les cellules normales devenues cancéreuses. Grâce à sa capacité à identifier les changements souvent subtils qui peuvent faire qu’une cellule normale est devenue un « corps étranger », notre système immunitaire cherche à éliminer les cellules cancéreuses avant qu’elles ne se développent en tumeurs.
Certains traitements immuno-oncologiques sont conçus pour aider notre système immunitaire à s’activer. Ils fonctionnent en bloquant le « signal d’arrêt » qui empêche les cellules immunitaires de détruire les cellules cancéreuses.
Le potentiel de l’immuno-oncologie
Certaines cellules cancéreuses échappent à la détection.
Notre système immunitaire est également doté d’une mémoire. Lorsqu’une bactérie ou un virus étrangers entrent dans l’organisme et qu’ils ont été détectés et éliminés, leur identification est gardée en mémoire, pour que l’élimination soit plus rapide chaque fois que l’organisme rencontrera les mêmes envahisseurs étrangers.
L’utilisation du système immunitaire contre le cancer, incluant cette capacité de mémorisation, a donc le potentiel d’aboutir à des réponses thérapeutiques de longue durée aux traitements d’immuno-oncologie.
Pourquoi les immunothérapies ne font-elles pas déjà partie des principaux traitements du cancer ?
Une approche centrée sur la vaccination seule, qui n’a pas bien fonctionné.
Historiquement, l’une des limites les plus importantes au développement des traitements d’immuno-oncologie a été le recours exclusif aux approches basées sur la vaccination. Si les efforts visant à produire des vaccins contre le cancer sont susceptibles de porter leurs fruits dans un avenir plus ou moins lointain, il semble, pour le moment, que leurs effets soient limités par le fait qu’ils ne ciblent pas simultanément les « signaux d’arrêt » produits par les cellules cancéreuses.
Empêcher notre système immunitaire d’attaquer notre organisme.
Un deuxième écueil rencontré a été le risque que notre système immunitaire activé ne s’attaque aux cellules normales de l’organisme. C’est ce que l’on appelle l’auto-immunité. Bien que les scientifiques commencent à trouver le juste équilibre sur ce point, ce risque potentiel rappelle qu’il est vital de choisir judicieusement les cibles des médicaments d’immuno-oncologie et de pouvoir identifier les personnes les plus susceptibles d’en tirer bénéfice.
Comment savons-nous si un traitement immuno-oncologique fonctionne ?
Pour les médecins et les patients cette question devient :
« Combien de temps devons-nous attendre pour juger de son efficacité ? »
Les traitements d’immuno-oncologie fonctionnent en permettant à des cellules immunitaires activées d’infiltrer une tumeur afin de pouvoir en détruire les cellules cancéreuses. Ce phénomène d’infiltration peut faire apparaître une tumeur momentanément plus grosse sur les radiographies ou les examens TDM utilisés par les médecins pour évaluer l’efficacité du traitement, avant que la taille de la tumeur ne diminue dans un second temps.
Un examen de routine par scanner ne permettant pas de faire la différence entre les cellules de la tumeur et les cellules du système immunitaire, un médecin peut interpréter la croissance d’une tumeur comme le signe que le traitement ne fonctionne pas alors que, dans le cas des traitements immuno-oncologiques, il est possible que le traitement soit en train de faire exactement ce qu’il est censé faire.
Face à ce problème, médecins et chercheurs ont développé de nouveaux critères d’évaluation, spécifiques des traitements d’immuno-oncologie, utilisables dans les essais cliniques. Il demeure néanmoins qu’avec les médicaments d’immuno-oncologie, une augmentation de la taille de la tumeur peut traduire la bonne efficacité du traitement pour certains patients, alors que cela signifiera exactement l’inverse pour d’autres.
Les biomarqueurs ouvrent la voie
Éliminer l’incertitude concernant la réponse ou la non-réponse d’un patient à un traitement d’immuno-oncologie est l’objectif qui nous a conduit à développer des biomarqueurs et des outils diagnostiques parallèlement à nos médicaments. Notre objectif est d’identifier en amont les patients susceptibles de bien répondre à un médicament.
Le développement de tests diagnostiques utiles et précis est l’un des moyens de réduire les incertitudes et de donner aux médecins et aux patients davantage confiance dans les traitements d’immuno-oncologie.
Une autre piste intéressante consiste à associer les traitements d’immuno-oncologie à d’autres thérapies ciblées, qui agissent sur la manière dont les tumeurs se développent et se disséminent. De telles associations « intelligentes » pourraient contribuer à renforcer la réponse immunitaire face au cancer et donner d’autres moyens de combattre la maladie.
Nous ne sommes qu’au début de cette aventure scientifique, mais nous nourrissons l’espoir que l’immuno-oncologie puisse à terme profondément faire évoluer le traitement du cancer. Nous sommes persuadés que la recherche dans ce domaine peut nous aider à transformer un cancer avancé en une maladie chronique, et non plus en une issue rapidement fatale, en permettant au système immunitaire de contrôler en permanence la réapparition de cellules cancéreuses
« étrangères ». Dans certains cas, il semble même possible que la tumeur soit complètement éliminée, ce qui, bien évidemment, reste le but ultime des traitements contre le cancer.
- Ira
Ira Mellman, Ph.D.
Vice-président de la Recherche en Oncologie, Genentech
Professeur de biochimie et biophysique, Université de Californie, San Francisco
D-16-0584 - Établi le 05/01/2017